
13 Oct accompagnement de la dépression post partum

« Lorsque les conditions sont favorables, ce « tremblement de mère» possède un potentiel maturatif qui favorise l’épanouissement et un meilleur niveau d’intégration. Les mères qui ont eu la chance d’être accompagnées en thérapie au moment de cette remise en question nous disent, après coup, combien cette expérience les a fait mûrir et leur a permis de dépasser d’anciens conflits latents. Cette crise peut donc être organisatrice pour le psychisme lorsqu’elle est contenue et accompagnée. Mais elle peut aussi être traumatique lorsqu’elle réveille des éléments archaïques non élaborables auxquels la femme doit se confronter seule.
Malheureusement, cette étape existentielle est encore bien souvent déniée tant par les professionnels de la santé que par l’entourage et par la mère elle-même. Peut-être parce qu’elle réveille chez chacun un sentiment proche de la « crainte de l’effondrement» décrite par Winnicott (1975). Nombre de futures mères décrivent en séance des sensations de dépersonnalisation, des impressions de chute, de vertige, autant de phénomènes révélant combien les sphères psychiques et physiques s’entremêlent dans un équilibre rendu précaire par la régression narcissique en cours durant la grossesse.
Il est frappant de constater combien, pendant une grande partie de la gestation, ce n’est pas le bébé de la grossesse qui est au devant de la scène en thé- rapie. Avant de pouvoir lui faire une place, la future mère revisite sa propre enfance, son lien avec ses propres parents, ses relations précoces personnelles. Alors que, jusque-là, la jeune femme avait principalement regardé vers l’avant, vers le futur, vers la femme qu’elle désirait devenir, la présence de son enfant la pousse à faire un retour en arrière, à se questionner sur l’enfant qu’elle a été, sur les parents qu’elle a eus, sur l’histoire et le vécu de ces parents dans leur lien à elle-enfant. Comment a-t-elle été désirée et accueillie ? En quoi a-t-elle changé la vie de ses parents ? Comment a-t-elle été aimée ? Etait-ce différent pour ses frères et sœurs ? Tant de questions à peine ébauchées jusqu’ici et qui soudain deviennent vitales; vitales à pouvoir questionner que ce soit dans la réalité ou en représentation, vitales car elles vont servir de berceau à la constitution de sa propre identité maternelle. »
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